Isa, au berceau des nouveaux nez

« Dès que tu as su parler, tu as raconté des histoires à n’en plus finir », répète ma mère. Sans queue ni tête, mais avec beaucoup de conviction. Sur les photos de moi petite fille, je porte un sourire ravi, ou bien je pleure. Jamais de demi-mesure. Italienne d’origine, je porte sûrement dans les veines un peu de commedia dell’arte. Jeune adulte, j’ai démarré le théâtre, puis enchaîné les expériences de la scène. Théâtre, impro, clown. Mais aussi d’autres approches autour du mouvement, comme la danse. Animatrice d’ateliers théâtre pour différents publics – enfants, déficients mentaux, insertion – j’ai eu à cœur de créer des spectacles avec eux, parfois en associant certains des groupes. A la clé, beaucoup de créativité, de la découverte mutuelle et une rencontre sensible des autres qui fait grandir. Mon parcours en formation de gestalt remonte à 2011. De là, certaines prises de conscience : la présence, l’éprouvé, le dévoilement, l’ajustement, le mouvement... C’est par l’impro que je suis venue au clown. J’ai un souvenir très fort de mon premier passage avec nez rouge, seule, devant le public de mes coéquipiers. Alors que je me tortillais de peur et de jugements sur moi-même, à l’idée de ne pas savoir quoi faire, j’ai vu ces personnes poser sur moi des yeux sans attente. Juste à me regarder, être là face à eux. Des yeux accueillants, attendris, voire émerveillés de me découvrir en tant que clown. Comme des parents à l’arrivée d’un nouveau-né. Apparaître en clown est pour moi une forme de naissance. Plus encore, cette sensation me revient presque à chaque apparition devant un public. Être clown est à chaque fois montrer son nouveau nez, une perpétuelle renaissance ! Par ces ateliers du oui, j’aimerais faire éprouver à chacun cette richesse de sensations. En particulier la liberté d’être face aux autres. Sans besoin de faire quoi que ce soit pour eux. Juste retrouver la spontanéité et le plaisir de jouer pour soi. Au contact et avec le soutien des autres.